Le présent ouvrage s’inscrit dans une série de livres blancs et de guides pratiques du Comité stratégique Avocats Lefebvre Dalloz. Il revient, en 99 articles et entretiens, sur les principales évolutions du droit social et leur impact sur la profession d’avocat, tant sur le plan de l’exercice professionnel que de la gestion et de la stratégie de développement des structures d’exercice, autour d’écrits, de podcasts et de vidéos.
Réunissant près de 140 contributeurs, professeurs, avocats, magistrats, conseillers prud’hommes, inspecteurs du travail, responsables des ressources humaines, juristes, experts, etc., cet ouvrage ne prétend à aucune exhaustivité. S’il offre des clés de compréhension, il a d’abord été conçu comme une mosaïque de libres expressions et de contributions librement choisies par leurs auteurs servant de jalons à un débat plus large et approfondi. C’est ce débat, ce dialogue indispensable à une pleine adaptation aux changements présents et à venir, que le Comité stratégique Avocats Lefebvre Dalloz entend accompagner, notamment avec l’organisation dans les prochaines semaines d’évènements-débats à Paris et en région.
Krys Pagani
Pilote du Comité stratégique Avocats Lefebvre Dalloz
Laurent Dargent
Rédacteur en chef, Dalloz actualité
Co-pilote du Comité stratégique Avocats Lefebvre Dalloz
De juriste d’entreprise à avocat…
Publié le 29/11/2022
Lucie Constant
Thomas Passerone
Quel a été votre parcours en entreprise ?
Lucie Constant : Après l’obtention de mon Master 2 Droit et pratiques des relations de travail de l’Université Panthéon-Assas Paris, j’ai intégré le monde de l’entreprise au sein de la Direction des Ressources Humaines d’Aéroport de Paris pour une expérience de deux ans. Après un passage au sein de la Direction des Ressources humaines de Natixis, j’ai intégré Enedis, la filiale de distribution d’électricité du Groupe EDF. J’ai eu la chance de pouvoir y évoluer pendant près de 8 ans, à différents niveaux de l’entreprise (au sein de la Direction opérationnelle d’Ile de France, de la Direction nationale des ressources humaines, ou encore au sein d’une Direction projet) pour y exercer la fonction de juriste en droit social.
Thomas Passerone : J’ai intégré l’entreprise SOGEA Construction (secteur du BTP) en contrat d’apprentissage dans le cadre du Master 2 Droit et Pratiques des Relations de Travail de Paris II aussi. J’ai poursuivi ensuite au sein de cette Société qui avait fusionné entre temps avec GTM pour donner naissance à VINCI Construction France par le biais d’une convention Cifre ce qui m’a permis de rédiger une thèse sous la direction du Professeur Bernard Teyssié. À la fin de ma thèse, j’ai ensuite poursuivi pendant 6 années au sein de cette même entité avant de bénéficier d’une mobilité pour devenir Responsable des Relations Sociales au sein d’une autre division du Groupe VINCI Construction, Entrepose. Le monde de l’entreprise a été une expérience très enrichissante. J’ai travaillé dans le Groupe VINCI pendant près de quatorze années et j’ai eu la chance d’être formé et de travailler avec un juriste-philosophe passionné et passionnant de très haut niveau d’expertise, Monsieur Dominique Mialon, qui m’a sans cesse poussé à faire preuve de créativité et d’innovation.
Pour quelles raisons vous êtes-vous orientés vers la profession d’avocat ?
Lucie Constant : La mobilité professionnelle au sein d’Enedis m’aurait offert un large champ des possibles (activités orientées vers le cœur de métier d’Enedis, management opérationnel ou encore au sein des fonctions supports, etc.) et j’aurais pu quitter mon expertise juridique, pour évoluer au sein de l’organisation de l’entreprise et y faire carrière. Pour autant, je n’étais pas prête à renoncer ni à mon expertise, ni à mes connaissances juridiques. Si je suis honnête, je n’étais probablement pas prête à m’inscrire durablement dans certains processus et rouages nécessaires au fonctionnement de cette entreprise mais ne collant pas toujours mes aspirations.
Deux options se sont donc présentées : soit intégrer une nouvelle entreprise, soit embrasser la profession d’avocat. C’est cette seconde option que j’ai choisie. Elle me permettait de poursuivre mon activité juridique, de l’enrichir, de la développer plus encore mais surtout de découvrir « l’envers du décor » et d’endosser un nouveau « statut ». L’avocat jouit d’une image, d’un rôle, d’un statut lors de ces interventions qui n’est pas celui du juriste en droit social, m’a surement interpellé et questionné dans le choix que j’ai opéré.
Souvent, j’avais cette question en tête : serais-je capable, sans être dans l’entreprise, de prodiguer un conseil, définir une stratégie adaptée, opérationnelle, applicable comme savaient le faire les avocats avec lesquels j’avais l’habitude de travailler. Avec mon expérience professionnelle précédente, je m’oblige à me demander, et c’est très personnel, quelle est ma plus-value, que vient chercher mon client auprès de moi, etc.
Thomas Passerone : Sur le plan de l’évolution professionnelle, après avoir exercé des fonctions de juristes puis de relations sociales avec un volet juridique toujours aiguisé, la suite logique me conduisait à basculer sur des fonctions exclusivement de ressources humaines. Or, étant profondément attaché au Droit, je souhaitais poursuivre sur des fonctions juridiques. Je savais que lorsqu’on délaisse des fonctions juridiques « pures », retourner sur ses pas est quasi-impossible. J’ai donc longuement réfléchi entre poursuivre au sein du Groupe qui m’employait, exercer des fonctions juridiques au sein d’une autre organisation et …rejoindre la Profession d’avocat. Durant mes années en entreprise, j’ai en effet travaillé avec de nombreux avocats. Certains d’entre eux ont été très inspirants et je pense notamment à mon désormais confrère Philippe Rozec. En entreprise, j’avais par ailleurs eu l’occasion de plaider quelques dossiers ce qui m’avait particulièrement plu. Plus je réfléchissais, plus embrasser la profession d’avocat me semblait être la meilleure voie au regard de mon aspiration...