Regard d'une spécialiste du droit des technologies et de l'information sur le droit social

Dans un cabinet d’avocats qui souhaite réunir toutes les spécialités dont ses entreprises clientes peuvent avoir besoin, la place du droit social est à mon sens centrale et ce d’autant que nous sommes en France, pays qui a – nous pourrions presque dire - inventé le droit du travail et en a fait une des bases de notre économie. Aujourd’hui, le droit social est en en effet à la fois un pilier indépendant d’expertise en ce qu’il est au cœur des préoccupations des entreprises avec une matière technique, complexe, toute en nuance, en évolution permanente avec un impact politique et social à haut risque, mais il devient également central dans l’éclairage qu’il apporte aux autres matières juridiques. D’ailleurs, si le calcul du nombre d’avocats dans une équipe de droit du travail était la preuve de son caractère incontournable, la preuve de cette dernière est apportée puisque chez August Debouzy, les équipes de droit du travail comprennent autant d’avocats qu’au corporate ou en contentieux par exemple. 

Sur le fond, et à titre d’illustration, une opération de fusion ou de restructuration est impactée dans sa faisabilité, son calendrier et son prix par le droit du travail. Une opération d’externalisation technologique peut comprendre un volet social important du fait des conséquences d’une telle démarche pour les équipes externalisées. En matière de mise en conformité des sociétés au droit des données à caractère personnel vis-à-vis de leurs salariés ou encore pour la protection du lanceur d’alerte, le droit du travail y joue également un rôle. Je pourrais vous citer tant d’autres exemples. De manière plus interpelante, le droit social prend une place importante dans l’évolution de notre économie par la digitalisation de tous les secteurs puisque désormais la validité de certains business models dépend de sa compatibilité avec le droit du travail tel qu’il existe. Et là, son rôle dépasse alors largement nos frontières puisque les entreprises internationales, y compris les fonds d’investissement, qui se déploient en France identifient rapidement cette matière comme incontournable au succès de leur projet tant d’un point de vue technique que culturel. Dès lors, cette matière perçue comme très franco-française au départ devient bien plus internationale que ce qu’elle ne laisse apparaître. »